Qu’est-ce qu’un intérêt débiteur et quelle est la différence avec les agios ?
En lisant votre relevé de compte, vous constatez qu’une ligne dont vous n’aviez pas connaissance est apparue : des intérêts débiteurs prélevés sur votre compte, par la banque elle-même. Comme la plupart des Français, vous n’avez peut-être aucune idée de ce que cela signifie et pourquoi cette somme a été débitée de votre compte bancaire.
Effectivement, un Français sur 5 vit à crédit chaque mois, c’est-à-dire qu’il utilise sont autorisation de découvert. Ce chiffre grimpe même jusqu’à 40 % pour les Français dépassant ce seuil au moins par trimestre… Pourquoi payez-vous ces frais d’incidents, comment les calculer et surtout, comment les éviter ? On vous dit tout !
Par Mélanie MOSSALYModifié le 30/12/22 à 17:51
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Qu’est-ce qu’un intérêt débiteur ?
Nous allons mettre fin au suspense dès maintenant : un intérêt débiteur n’est rien d’autre qu’une forme d’agio.
Autrement dit, il s’agit de frais bancaires appliqués lorsque vous acceptez une autorisation de découvert.
Par définition, un agio est une commission due à votre banque lors de certaines opérations (par exemple, le dépassement de plafond autorisé).
Dès que votre compte courant est dans le rouge, dites-vous bien que c’est exactement comme un emprunt.
La banque vous prête de l’argent temporairement (et de nature exceptionnelle), avec ou sans son autorisation, puisque votre solde est négatif.
Comme tout crédit qui se respecte, il faut verser au prêteur des intérêts. C’est à ce moment-là qu’interviennent les intérêts débiteurs.
Si à l’ouverture de votre compte, vous aviez négocié avec votre banquier son montant, vous ne serez pas surpris.
En revanche, si vous n’aviez pas connaissance de son existence, il est temps de lire les petites lignes de votre contrat !
Bon à savoir :
Maintenant, vous l’avez peut-être compris, l’autorisation de découvert n’est pas un service gratuit, mais bien une forme de crédit à la consommation.
Ces intérêts débiteurs sont généralement prélevés trimestriellement. Attention à ne pas trop en abuser, car les taux d’intérêt sont souvent très élevés…
Une nouvelle réglementation en votre faveur sur le prélèvement des intérêts débiteurs
Vous en avez peut-être déjà entendu parler, mais la loi impose maintenant aux banques d’être totalement transparentes avec leurs clients.
D’abord, un premier décret voté en mars 2014 les oblige à mentionner le terme « intérêt débiteur », dans les brochures d’informations fournies aux potentiels clients.
De cette manière, ces derniers peuvent anticiper les frais bancaires liés à l’autorisation de découvert.
Ensuite, une loi de régularisation, adoptée en 2016, contraint les banques à vous prévenir minimum 14 jours à l’avance que vous serez prélevé d’intérêts débiteurs, en n'omettant pas de mentionner le montant total, suite à un découvert au cours des 3 derniers mois.
Enfin, le plafond des frais bancaires en cas de découvert est, lui aussi, réglementé puisque les banques ont l’interdiction de facturer plus de 8 € par opération et au maximum 80 € par mois.
Si vous êtes bénéficiaire d’un titre de client en situation de fragilité financière, sachez que ces plafonds sont abaissés à 4 € par opération et 20 € par mois maximum.
D’ailleurs, depuis le 1er juillet 2019, les établissements bancaires s’engagent à ne pas saisir plus de 200 € de frais d’incidents par an.
L’objectif de cette réglementation vise à limiter les situations délicates lorsque les consommateurs n’ont pas les moyens de faire face à ces frais, mais également pour les anticiper.
Bien sûr, toutes les banques n’autorisent pas de découvert.
Renseignez-vous correctement à ce sujet, sinon, vous risquez de payer des frais très conséquents si vous êtes en solde négatif alors que vous n’y étiez pas autorisé…
Comment calculer les intérêts débiteurs ?
Si toutefois vous vous retrouvez à découvert, il est possible de calculer le coût des frais bancaires.
Attention, la banque se concentre uniquement sur la date de valeur de l’opération qui entraîne un solde débiteur, et non sur la date d’opération elle-même !
Si vous avez accès à l’interface en ligne de vos comptes, vous pourrez suivre jour après jour votre solde et éviter ce genre de situation.
Bien que les agios soient légèrement différents en fonction du moyen de paiement (carte bancaire, chèque, espèces ou virement), à partir du moment où vous connaissez le nombre de jours pendant lesquels vous avez été débiteur, vous pouvez les calculer.
Pour faire simple, les banques appliquent deux types d’agios :
les agios forfaitaires,
les agios proportionnels.
Votre établissement bancaire, pour faciliter le travail, facture généralement un forfait, peu importe le montant du découvert et sa durée.
Seulement, si le coût des agios proportionnels est plus élevé que le forfait, celui-ci est appliqué en priorité.
Exemple de calcul d'agios
Pour connaître le montant dont vous allez être prélevé, c’est très simple, il suffit de suivre la formule suivante :
intérêts débiteurs = montant du découvert x nombre de jours x TAEG* / 365
Par exemple, si vous êtes en négatif de 500 € sur une période de 8 jours au TAEG de 14 % (taux moyen pratiqué en France), le calcul sera le suivant :
(500 x 8 x (14 / 100)) / 365 = 1,534 €
D’ailleurs, sachez que la banque doit obligatoirement notifier le TAEG qui a été appliqué sur votre relevé de compte, ainsi que le montant de l’autorisation de découvert.
En cas de dépassement du plafond de celle-ci, vous devrez vous acquitter d’agios à un taux majoré, en plus des intérêts débiteurs.
Nos conseils pour éviter d'être prélevé d’intérêts débiteurs
Puisqu’il est toujours bon de le rappeler, le seul conseil que nous pouvons vous offrir aujourd’hui est d’éviter d’être à découvert, même si vous possédez une autorisation de découvert.
Surveillez, le plus régulièrement possible, l’état de vos comptes et si une situation difficile implique que vous n’ayez pas d’autres choix, parlez-en à votre conseiller.
Il pourra sûrement faire un geste dans votre sens pour vous aider.
Ensuite, pensez à bien négocier le montant des intérêts débiteurs à l’ouverture d’un contrat ou éventuellement demander l’application d’un forfait sans frais en cas de découvert exceptionnel (d’un commun accord).
Si vous voulez limiter les frais, réfléchissez aussi à changer de banque, en comparant les différents frais appliqués chez la concurrence.
Ainsi, vous pourrez faire quelques économies !
Mélanie MOSSALY
Passionnée par les chiffres et principalement la bourse, l'investissement immobilier et les placements dans sa globalité, découvrez au travers de mes contenus, les réponses aux questions que vous vous posez sur vos finances.